Interview Corse Matin de Janvier 2008

Publié le par Corse Matin

undefinedQuestion n°1 : Pourquoi, à ce moment de votre long parcours, choisir d’aller aux municipales ?
 
 
C’est vrai qu’après avoir été  pendant 25 ans militant et  présent sur la scène politique, j’ai pris des distances avec celle-ci pendant   quelques années.  Pour autant ce long silence mais de présence soutenue au plan judiciaire (à travers notamment tous les grands procès insulaires…), au plan Européen et International, avec l’implantation d’un Cabinet d’Avocat à Ajaccio (face à la Mairie…) m’ont donné un éclairage externe et interne plus profond que si j’étais resté dans la vie publique dans l’île.
 
C’est vrai qu’aujourd’hui la fixité, la gravité et l’urgence de sortir de la crise Corse m’ont incité à mettre tout cela à la disposition des miens, d’une terre et d’un peuple auxquels je suis profondément attaché.
 
Pourquoi Ajaccio ? Parce que c’est la ville avec Bastelica où j’ai grandi, où j’ai une grande partie de moi-même, ville où se noue le destin de la Corse contemporaine, ville qui perd son âme, se désintègre, se modernise au sens négatif du terme, ville qu’il faut sauver, à laquelle il faut redonner les repères de notre histoire.    
 
 
Pour mémoire je me permets de vous rappeler que je suis un fils de l’émigration insulaire (je suis né à Madagascar) et que  je me suis engagé très tôt. J’ai connu la Corse très jeune en état d’abandon mais tellement vraie. La comparaison était facile puisque  j’avais quitté  un pays lointain où un effort important avait été fait et où les Corses avaient acquis droits de cité même après l’indépendance.
 
Issu de la région d’Ajaccio par mes parents (Bastelica, Cauro, etc.…) j’ai partagé l’évolution de cette ville et de sa région et après des études de Droit et de Sciences Politiques à Paris, je me suis engagé dans l’île dans les premières heures du combat pour la renaissance de la Corse.
 
A partir de ce moment, j’ai eu le privilège d’être présent dans tous les grands moments de l’histoire de notre île : combat pour l’Università, congrès de la jeunesse, Argentella, Aléria, Bastelica etc.… etc.…
 
J’avais tout naturellement, poussé  par la vocation de la vie publique, embrassé la carrière d’Avocat.
 
J’ai eu ensuite- au terme d’un combat pour la décentralisation où la Corse était prescriptrice -le privilège de siéger à la Première Assemblée Territoriale, Assemblée de Corse en tant que  Président de la très significative Commission de la culture.
 
Nous étions alors portés par une vague et la question Corse servait de référence dans toute la vieille Europe. 
 
C’est ce souffle qui nous animait à cette période qu’il nous faut retrouver.  
 
 
Question n°2 : Quel sens voulez-vous donner à votre candidature ? La situez-vous dans un strict affichage nationaliste ?
 
 
 
Ma candidature  veut être  un témoignage objectif. Mes idées sont connues, je les ai toujours exprimées ici et ailleurs. Je porte en moi une idée et une conception du nationalisme ouverte et généreuse à laquelle beaucoup adhérent déjà.
Elle se situe    évidemment avec le soutien  des mouvements (Corsica Nazione Indipendente, Comité Anti Répression, Ghjuventù Indipendentista., Organisation Européenne des Droits de l’Homme et de ses Libertés Fondamentales, Observatoire Corse, Association de la Défense de la Corse et des Corses etc.…) des organismes, des personnalités diverses qui m’accordent leur confiance , dans un contexte d’ouverture,  sur les bases des principes fondamentaux de  la revendication politique Corse du demi-siècle écoulé, et un retour à nos valeurs profondes .
 
Je me suis attaché à m’entourer d’hommes et de femmes affichant des idées claires et de ce fait nous ferons de la clarté le credo de notre liste.
 
En effet beaucoup d’hommes et de femmes sont désorientés par les jeux stériles de la politique, le caractère souvent artificiel des notions de droite et de gauche à Paris et dans l’île,  le carriérisme etc.… Ils ne voient que des compétiteurs  s’affronter sans percevoir l’enjeu de ces compétitions. Ils  sont las des formules miracles venant des changements politiques parisiens.
 
Notre liste considère que l’Etat est le principal responsable de la situation Corse actuelle.
 
 
Question n°3 : Quels sont les thèmes sur lesquels vous allez faire campagne ?
 
 
 
Nous allons faire campagne sur le thème du changement auquel les Ajacciens et les Ajacciennes aspirent car le paysage politique, la campagne politique, manquent  d’esprit novateur et  d’imagination.
 
Les hommes ne sont pas en cause mais le cadre des choix qu’ils proposent aux Ajacciens l’est.
 
Nous allons faire des propositions originales, proposer des solutions indispensables, de solutions héritées d’autres expériences que nous avons vu naître et vivre ailleurs dans des situations qui s’apparentent à Ajaccio, dans des villes de même dimension.
 
Il s’agit de faire considérer, et j’en serai un interprète, qu’il n’y a pas à Ajaccio d’un côté une société civile qui fourmille de valeurs et d’énergie prête à se mettre en mouvement et  de l’autre une classe politique, en un mot  d’un côté des acteurs et  de l’autre des spectateurs.
 
Nous entendons replacer les Ajacciens et les Ajacciennes au centre des problèmes de leur ville, c'est-à-dire que tout projet, tout développement n’a de sens que par rapport à ceux et à celles qui sont amenés à le vivre et qui le vivent au quotidien.
 
Nous refusons les équipements, pour les équipements, les plans de développement inadaptés se faisant au nom de villes abstraites se ressemblant toutes, ces villes nouvelles dont les concepteurs ont oublié que leur spécificité leur différence leur donnent une âme, protègent leur histoire, leur culture, faisant de tout cela un atout pour leur développement durable consenti et voulu par la population qui le vit au quotidien.
 
Pour nous tout développement, tout projet dans la ville doit être vécu et voulu par la population,  pas par ceux qui ne font qu’investir à Ajaccio, sans y vivre.  
 
Les effets d’annonces spectaculaires d’équipements en période électorale ne doivent pas abuser les citoyens.
 
Nous voulons réaffirmer la Méditerranéité d’Ajaccio en ce qu’elle traduit une culture, une histoire qui sera un atout dans l’avenir  d’un monde moderne de plus en plus uniforme.
 
Nous voulons réaffirmer l’ancrage  de cette ville désorientée où la jeunesse a perdu ses repères, où les vieux se sentent abandonnés, où la population active aspire à ce que l’emploi ne soit plus l’otage de marchandages électoralistes.
 
Nous voulons mettre un terme à une lente dépossession, à un glissement vers une spéculation débridée, une boulimie foncière immobilière dont les jeunes seront de plus en plus écartés avec  la constitution « de beaux quartiers » véhiculant des concepts de classe sociale d’importation.
 
Nous voulons poser tous les problèmes d’une cité : propreté, urbanisme, voirie, communication, stationnement, équipements sportifs, culture, santé, histoire à l’aulne d’une ville dont nous sommes conscients qu’elle est sous développée, qu’elle souffre d’un déficit abyssal d’équipements de tous ordres.
 
Nous voulons éviter des « développements » des « équipements » inutiles et onéreux qui n’aient pas pour vocation la qualité de la vie des habitants qui semblent de plus en plus oubliés dans les schémas d’aménagement des villes actuelles où les concepteurs n’habitent plus.
 
Nous voulons faire d’Ajaccio un pôle de rayonnement, une ville majeure en méditerranée et non une ville de Préfecture provinciale qui s’enfonce dans la normalité au nom de la modernité.
 
Nous ferons des propositions précises qui redonneront à cette ville, à ces villes composant Ajaccio - tant qu’il est vrai qu’Ajaccio se fragmente, se déstructure, se construit sans ligne directrice –une colonne vertébrale. 
 
A ce sujet nous surveillons de très près l’évolution de sa partie littorale vers les Sanguinaires.
Il est  aussi dans l’intérêt des Ajacciens de récupérer Aspretto, le Vazzio et la Citadelle.
 
Nous inscrirons chacune des lignes de notre programme  à travers l’écoute de ce que nous avons pu entendre au cœur de notre peuple d’Ajaccio.
 
Les Ajacciens savent ce qu’ils ont perdu mais n’arrivent plus à savoir ce qui les attend.
 
L’irréparable n’est pas encore consommé, les potentialités sont fortes  et notre détermination très claire.               
    
 
Question n°4 : Comment vous situez-vous par rapport aux autres listes nationalistes ? La dispersion n’implique t elle pas un risque d’affaiblissement ? Permet-elle au contraire de clarifier et de diversifier les propositions ?
 
 
A titre personnel j’avais été pressenti depuis plusieurs années pour « reprendre du service »,  le combat des idées démocratiques restant  pour moi un élément essentiel de la vie politique.
 
Pour ce qui est de ces municipales j’ai été pressenti dans un esprit d’ouverture puisque je n’appartiens plus  depuis 1984 à aucune formation politique et qu’à ce titre j’ ai donc pu continuer à réfléchir et à m’investir en toute liberté et que j’entretiens aussi les meilleures relations avec beaucoup d’hommes et de femmes qui appartiennent aux autres sensibilités nationalistes.
 
Quand j’ai été pressenti, il m’avait été proposé de fédérer ces diverses sensibilités étant donné mon engagement militant  passé, mon engagement professionnel etc.… et ce que d’aucuns avaient jugé, ma « légitimité » à représenter les composantes d’un courant de pensée qui est devenu majeur, et qui est partout présent dans les familles et dans le corps  social Corse en général.
 
Cela n’a pas été possible pour des raisons qui me sont totalement étrangères.
 
Je considère que les divisions politiques, y compris nationalistes,  dès lors qu’elles ne sont pas qu’un habillage de considérations personnelles, traduisent un  débat dialectique qui peut être utile ; réflexion qui reste d’ailleurs valable partout et pour toutes les formations politiques.
 
Dés lors je ne me sens pas concerné par la division ou la dispersion qui relèvent  d’un débat interne au milieu nationaliste. J’entends me  consacrer  au débat externe qui mets en présence des sensibilités politiques elles- même notoirement objet de divisions, voire de déchirements…
 
Je pense que, menant une campagne qui se veut claire et dépourvu d’ambiguïté, cette campagne peut au contraire permettre de poser les véritables problèmes et de traduire une diversité qui me semble utile et nécessaire.
 
Question n°5 : Vous sentez-vous un avenir politique ?
 
De ce que j’entends ici et là on  me situerait  comme « le plus jeune des anciens et le plus ancien des jeunes. »
 
S’agissant de l’avenir, je sais surtout que j’ai un passé et un présent suffisamment riches pour ne pas être torturé par le besoin incompressible d’un avenir politique.
 
Toutefois, dans ce pays de mémoire  collective, je rencontre souvent des amnésies individuelles et la perspective de témoigner et de remettre les pendules à l’heure ne me déplait pas.
 
Par ailleurs, attaché à un combat d’idées, ayant toujours l’ambition de voir ces idées que je pense justes et généreuses triompher, je ne sais  ce que l’avenir sera , mais si dans ma ville, dans mon peuple, j’ai pu, et je peux encore,  apporter ma contribution à un avenir meilleur, j’aurai le sentiment d’avoir suivi le sens que je voulais donner à ma vie..        
 
 
 

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Publié dans Corse Matin

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